DOUTES QUANT À LA PROSPECTIVE !

ARTICLE

Pressé par le présent et un futur qui semble se faire de plus en plus pressant, quelle attitude devrions-nous adopter ? Et la prospective, une solution ou une distraction ?

Introduction

La prospective, disons-le, a des hauts et des bas, elle est populaire un moment et abandonnée dans un autre. Dans nos articles, notre objectif est de bien renseigner, mais il y a toujours un scepticisme qui plane, la vitesse, la rigueur et certainement la rudesse des affaires prennent souvent sinon toujours le dessus, et la planification stratégique s’étend généralement au court et moyen terme puisque stratégie signifie action. L’objectif ici est de prendre conscience des doutes qui deviennent des objections lorsqu’ils demeurent sans réponse, La prospective doit nous attirer par la logique de son utilité, de sa pertinence. On doit en arriver à se dire qu’on est mieux avec que sans, qu’on ne peut pas prendre le risque de l’ignorer si ce n’est qu’au cas où notre compétition la pratique et acquiert une avance, un avantage compétitif. Et il y a le cas de l’incertitude du futur qui se répercute dans le présent.

Les doutes, des questions sans réponses

Pas notre affaires !

Généralement, l’information quant au futur provient des gouvernements ou des études commanditées par le gouvernement. Les plus petites entreprises disent que ce sont les grandes qui déterminent le futur, elles ne font que suivre. Faire le futur est futile, plus qu’utile.

Bien que la prospective semble une prérogative des gouvernements et des grandes sociétés, souvent les changements viennent des petites entreprises créatives et agiles. La prospective a deux aspects, celui de la prévoyance, l’anticipation, et celui de détecter un futur préféré.

Dans la réalité, les mouvements sociaux sont une force qui ultimement dirigent le tout et voilà pourquoi on utilise la prospective entre autres, pour essayer de détecter ces mouvements.

Prédominance du court terme

Faire de la prospective est souvent considéré comme un exercice qui nous sort de la réalité et comme le futur est loin, à quoi bon. Les urgences du court terme font partie du jeu des affaires. La prédominance du court terme crée une myopie et produit des effets qui peuvent être pervers. Les affaires requièrent deux modes de pensée/penser, la pensée rapide et la pensée lente (Kahneman 2011).

Variations: Danger de sortir du présent, c’est du rêve. Defocus.

Ca été jusqu’ici!

En effet! Toutefois, il faut constater que le futur nous arrive plus vite et malheureusement, le passé n’est plus garant du futur. On dit souvent que ce qui nous a conduit jusqu’ici ne nous conduira pas jusque là-bas (What Got You Here Won’t Get You There, Goldsmith 2007).

La prospective nous permet de balayer l’environnement et de nous inciter à une forme de réflexion qui ne serait pas possible sans le type d’information ou d’intelligence qu’elle fournit. Enfin, il y a un grand nombre d’entreprises qui sont disparues par manque de vision ou de prospective.

Coût de l’innovation

L’innovation est perçue comme étant coûteuse. Elle est coûteuse, mais souvent notre idée de l’innovation est institutionnalisée ou dérivée des institutions, ou c’est une information qui nous provient de la grande entreprise comme si elle y était pour nous décourager. Le fait est que de nombreuses innovations et inventions proviennent d’individus. Pensons à Oculus, ou GoPro, un judicieux collage/bricolage de ceci et cela, et où il semble que la colle ait été le matériau le plus utile. SpaceX qui a fait ce que la NASA faisait, mais pour une fraction du coût. Tout est relatif, bien entendu. 

Le risque est aussi un coût important relié à l’innovation. Le coût relié à l’innovation est un risque, tout comme celui de ne pas innover. Souvent aussi, l’innovation est cette impulsion naturelle à faire mieux, pour sauver du temps par exemple. On innove souvent sans vraiment s’en rendre compte.

En parlant d’innovation, il y en a 4 types : l’innovation architecturale (par l’utilisation de la technologie), l’innovation incrémentale ou graduelle, l’innovation disruptive, et enfin l’innovation radicale (à couvrir dans un prochain article).

Des variations : Ça a l’air compliqué, long et cher. Trop petit. Ça donne quoi, ça change vite.

Tout ou rien, c’est ceci ou cela (either/or)

On est souvent coincé dans la mentalité du tout ou rien, ou du ceci ou cela. On tombe dans l’ambiguïté, l’ambivalence, comme si la polarité était le seul choix, l’ambivalence plutôt que la polyvalence. Un des effets de polariser nos choix en les limitants à des opposés est de créer une forme de résignation, ce qui nous conduit à une forme de sarcasme, à quoi ça sert, ça ne donne rien de toute façon, etc.

La prospective, c’est le champ unifié des possibilités, des alternatives, cet espace où sorti momentanément des contraintes du présent, des impératifs institutionnels, culturels et sociaux, on se permet d’imaginer toute sorte de scénarios, toutes sortes de surprises, d’impacts et de conséquences de conséquences afin de mieux se préparer au plus grand nombre possible d’éventualités et afin d’identifier des opportunités que le court terme ne peut dégager parce qu’il ne les contient pas.

L’incertitude (imposée et induite)

On dit que la prospective aide à nous sortir de l’incertitude créée par les changements rapides et discontinus en nous engageant dans le balayage de notre environnement si incertain, afin qu’on puisse mieux s’y préparer. En bout de compte, démystifier le problème fait partie de la solution. À contrario, si l’incertitude est créée et donc imposée par l’environnement et que nous pouvons la diminuer en utilisant la prospective, par exemple, est-ce dire que de ne pas faire la prospective est une façon de l’induire, la fabriquer? Y a-t-il d’autres pratiques internes ayant pour effet de fabriquer de l’incertitude?

La prospective, une pratique isolée

Je dois dire que la prospective est en effet une pratique isolée, c’est un silo dans le futur, ce qui semble contredire qu’on dise qu’on agit dans le présent avec une intention dans le futur. On fait presque toujours quelque chose pour demain, un futur plus ou moins éloigné. Le problème particulier de la prospective, ou peut-être davantage des prospectivistes, c’est qu’ils/elles sont souvent des experts dans le futur et des amateurs en affaires, ce qui amplifie leur retrait dans la pratique exclusive de la prospective. Cette impression vient aussi du fait qu’en fin de compte, on fait une ingénierie inversée du futur. Beaucoup se spécialisent dans l’exploration du futur mais manquent d’information sur les contraintes des affaires, la gestion, la gouvernance, les impératifs juridiques et financiers, le financement, les reddtions de compte, etc.

Le fait est : APPRENDRE ET FAIRE LA PROSPECTIVE EST PLUS SIMPLE QUE DE L’APPLIQUER. L’appliquer, c’est jouer dans la boue. Ça fait quoi aujourd’hui dans nos affaires, nos priorités, nos urgences?

P.S. OOPS, PETIT PITCH DE VENTE

Notre objectif chez AUGMNT est l’intégration de la prospective et de ses résultats dans tous les aspects et horizons de l’organisation, ce qui requiert de la discipline, de l’indiscipline, de la planification, de l’improvisation et du bricolage (tinkering), les affaires quoi! Ayant un grand respect pour la théorie dont nous dépendons, nous ne cherchons pas toutefois à conformer les affaires à la théorie, mais plutôt, à tort ou à raison, d’ajuster la théorie aux affaires. 

Le futur préféré, ça fait quoi au juste?

Le futur préféré, ce n’est pas une solution magique, un futur magique. Le futur préféré est en fait celui qui remplace un futur pas préféré, celui où on se sent dirigé malgré nous. Donc, on peut dire qu’il produit une forme d’espoir. Est-ce qu’il va se réaliser? Peut-être que oui, peut-être que non. Ma réponse candide, probablement pas dans la forme espérée, l’action se passe dans un univers chaordique. L’environnement est complexe et la relation causale n’est pas simple, on ne peut pas lier un résultat à une action particulière, nous agissons dans un système qui est complexe et sommes soumis à ses dynamiques (les dynamiques du système – system dynamics). Le but du futur préféré est de s’engager dans un processus de détermination, un mode de créativité et de création plus élevé que celui du présent, une vision claire et un sens de direction sans équivoque mais adaptable. Il doit être à ce point engageant qu’il influence positivement nos décisions et actions d’aujourd’hui.

En conclusion

La question de la prospective n’en est pas une de « tout ou rien ». Elle en est une de familiarisation, de progression, d’expérimentation, de domestication. Sans en briser son sens, sa raison d’être et ses fondements rigoureux, l’utilisation de la prospective se fait dans un certain confort, tout autant que l’inconfort nécessaire, afin de défier les habitudes, le statu quo, les modèles mentaux et les biais cognitifs. Elle donne un sens vertueux à l’expression « la fin justifie les moyens ». En fin de compte, on utilise la prospective afin de créer une entreprise durable et pérenne.

La prospective nous aide à voir des alternatives et à avoir une vision, une direction, une opinion, là où on n’en a pas!

À votre futur !

Questions?

Si vous avez des questions ou aimeriez aller de l’avant, n’hésitez pas à communiquer avec nous afin d’avoir une conversation pour vous diriger sur nos solutions. 

[futur]

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